vendredi 19 juin 2009

Poésie - Voyeurisme

Nous marchons au hasard
Dans les rues du Quartier Latin.
Nous craignons quelques guet-apens.
Sans raisons, mais sans fard.

Dans une arrière-cours de la rue Ontario Est,
Un historien renoue ses lacets de bottines.

Devant le dépanneur du Coin,
Un punk caresse la nuque d’un chien aphteux.

Sur Saint-Denis,
Un arbre gobe une clôture en fer forgé.

Sur Sainte-Élisabeth,
Une murale pèle de toute sa peau.

Sur Sainte-Catherine,
Des bourrasques soulèvent
......les jupes des filles
Et ébouriffent leurs cheveux.

Dans la rue Sanguinet,
Où pénètrent à peine les rayons de lune et de soleil,
Où la pénombre règne en toute saison,
Qui sent l’urine et le smoked-meat,
......passent des anges.
Légers comme des queues de lumière,
Ils se promènent en douceur,
Longent langoureusement les murs
......des chambres à coucher.

Tant que nous tenons compte
......de l’ouverture d’esprit,
......des animaux,
......des arbres,
......des couleurs,
......de l’érotisme,
......de l’espérance,
Il est encore possible d’éviter le pire.

Une ville épanouie est sans pudeur,
Comme les prunelles d’un voyeur.

Pierre Rousseau, Les beaux naufrages, 2004.

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