«Si l’histoire racle la mémoire, le folklore quant à lui écume les fonds de tiroirs et fait dire n’importe quoi à n’importe qui. Jadis, il y avait Laura qui souffrait ; maintenant, elle va mieux. Dorénavant, elle aura des certitudes qui la raidiront juste assez pour l’aider à se tenir droit debout. Elle en 
mettra plein ses gestes, pour faire bonne figure et tâcher d’aimer davantage les autres. Pour un «Je t’aime», elle acceptera peut-être, elle aussi et parmi tant d'autres, de devenir une patenteuse au musée du banal, une gosseuse de pantoufles en Phentex, un point de vue personnel sur la porte des toilettes de quelques cafés-bistrots.
Parviendra-t-elle un jour à excréter les préjugés pour dire enfin la vérité, sa vérité? Pourtant, écrire le mot «vérité» ne certifie pas d’une authenticité, comme écrire le mot «mot» ne voudra jamais rien dire. Celui qui fournit les matériaux ne bâtit pas forcément la maison. Il n’y a aucune responsabilité dans la rectitude. Pour Laura, l’ex-marginale, comment savoir si elle tiendra le coup...»
mettra plein ses gestes, pour faire bonne figure et tâcher d’aimer davantage les autres. Pour un «Je t’aime», elle acceptera peut-être, elle aussi et parmi tant d'autres, de devenir une patenteuse au musée du banal, une gosseuse de pantoufles en Phentex, un point de vue personnel sur la porte des toilettes de quelques cafés-bistrots.Parviendra-t-elle un jour à excréter les préjugés pour dire enfin la vérité, sa vérité? Pourtant, écrire le mot «vérité» ne certifie pas d’une authenticité, comme écrire le mot «mot» ne voudra jamais rien dire. Celui qui fournit les matériaux ne bâtit pas forcément la maison. Il n’y a aucune responsabilité dans la rectitude. Pour Laura, l’ex-marginale, comment savoir si elle tiendra le coup...»
Pierre Rousseau, Les mains ravisseuses, 2002.
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