mardi 30 septembre 2008

Lacrymatoire - Œil sec

Iradan, à Arzame qui va mourir :

«Ainsi vous surmontez vos mortelles alarmes,
Vous, si jeune et si faible! et je verse des larmes!
Je pleure, et d’un oeil sec vous voyez le trépas!»

Voltaire, Les Guèbres ou La tolérance : tragédie.___________________________________________________

dimanche 28 septembre 2008

Histoire de voir - Respect

Hees est à la chambre des communes (Canada), en avant, sur la tribune. Il préside une assemblée débilitante et savoure sa position élevée. «Plusieurs questions relativement aux Indiens n’ayant été posées officieusement, dit-il, je me suis renseigné. J’ai rencontré le président de l’«Association nationale des anciens combattants indiens». On m’a d’ailleurs fait savoir que celui-ci est en ce moment dans le fond de la salle. Je suis très heureux que vous soyez parmi nous, monsieur le président.» Un président d’arrière-salle ?


Pierre Rousseau, Caducités, 2001.

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vendredi 26 septembre 2008

La littérature - Paupières de plomb



«Paupières de plomb
..Poids au creux des prunelles
..Gonds de fer trempés par le feu
..Porte intérieure refermée à jamais.»

Alain Grandbois, Extrait de Ah toutes ces rues...







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jeudi 25 septembre 2008

Des troubles - Gêne de l’œil

«Elle tourna la tête vers moi, si près de mon visage que je vis, dans son œil droit, la petite tache blanche dans le tissu de la cornée, petit nuage blanc dans le ciel de son œil.»


Pierre Rousseau, L'œil du métis, 1997.

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mardi 23 septembre 2008

Atypique - Nancy ou Les vieux restes

Hawkesbury - Septembre 2008

Photo: Pierre Rousseau

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mardi 16 septembre 2008

Témoin oculaire

La petite fille se mouche devant la statue de Saint-Pierre Apôtre.

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lundi 15 septembre 2008

Poésie - Saveur du large

Hier encore, petit enfant confit,
.....je regardais par la fenêtre fermée.
J’avais le goût de partir.
Il me manquait la saveur du large.
Le vent ne pénètre jamais la matière cristalline.


Mes pensées ne savaient pas encore l’adulte
.....et la dureté des hommes.
Désespéré devant mon irréparable naissance,
.....mon ombre noircissait le chemin vivant.
Poète maudit, je m’évadais par la porte
.....entrouverte.
Mais, l’ombre de mon corps fragile
.....prenait quelque retard,
.....me tirait en arrière.

Je tendais mon esprit
.....vers un autre lieu,
.....mais je restais là.
J’avais peur.
Mes préjugés futiles faisaient en sorte
.....que les hommes
.....ne devaient pas compter
.....sur ma venue.

N’étais-je destiné qu’à moi-même ?


Pierre Rousseau, Les fillettes du roi, Guérin Éditeur, 1998.

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samedi 13 septembre 2008

Des troubles - Hallucination lilliputienne

Les troubles, déficits et difficultés de l’œil sont nombreux: aphraxie optique du regard, agnosie visuelle, agnosie des couleurs, paragnosie, etc. Jusqu’à l’étrange hallucination lilliputienne, cette «perception subjective de petits objets, de personnages minuscules, de petits animaux (insectes, rats, souris, serpents, araignées, cafards, etc.)»

Louise Bérubé, Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement.

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vendredi 12 septembre 2008

Ça crève les yeux - Iou, iou, Polyphème

Ulysse:
«[...] avec mon glaive j’en aiguiserai le bout et le mettrait au feu [...] et je l’enfoncerai au milieu de l’œil du cyclope, et lui fondrai la vue sous le feu [...] ainsi je ferai tourner le pieu calciné dans l’œil clair du cyclope et en même temps je lui dessècherai la prunelle.»

Et les autres de répondre:

«Iou, iou. Quel bonheur! ces trouvailles nous rendent fous de joie.»


Euripide, Le cyclope.

Acis et Galathée se cachant de Polyphème
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mercredi 10 septembre 2008

Histoire de voir - Tout à l’égout

Dans Les Misérables, Victor Hugo nous donne une image grandiose du lieu qu’il se plaît à nommer l’«intestin de Léviathan» : «L’égout, dans l’ancien Paris, est le rendez-vous de tous les épuisements et de tous les essais. L’économie politique y voit un détritus, la philosophie sociale y voit un résidu. [...] rien n’égalait l’horreur de cette vieille crypte exutoire, appareil digestif de Babylone, antre, fosse, gouffre percé de rues, taupinière titanique où l’esprit croit voir rôder à travers l’ombre, dans de l’ordure qui a été de la splendeur, cette énorme taupe aveugle, le passé. Ceci, nous le répétons, c’était l’égout d’Autrefois. [...]»


Selon l’auteur, tout se retrouve à l’égout: le cul de bouteille, le trognon de pomme, l’effigie du gros sou, le crachat de Caïphe, le vomissement de Falstaff, le louis d’or, un fœtus livide, une toque de juge, la jupe de Margoton...

Mais, il ajoute: «Aujourd’hui, l’égout est propre, froid, droit, correct. [...] L’égout actuel est un bel égout; le style pur y règne; le classique alexandrin rectiligne qui, chassé de la poésie, paraît s’être réfugié dans l’architecture, semble mêlé à toutes les pierres de cette longue voûte ténébreuse et blanchâtres [...] L’égout, c’est la conscience de la ville. Tout y converge, et s’y confronte. Dans ce lieu livide, il y a des ténèbres, mais il n’y a plus de secrets. Chaque chose a sa forme vraie, ou du moins sa forme définitive. Le tas d’ordures a cela pour lui qu’il n’est pas menteur.»

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mardi 9 septembre 2008

La littérature - Poudre aux yeux

«Laura cherche dans la poésie l’autre portée des mots, le jet qui ne blesse ni le corps ni le cœur. Elle n’y arrive pas toujours. Elle ne travaille pas assez fort, ne sue pas des doigts, des yeux, du cœur. Elle appré­hende même les verbes du diction­nai­re, particu­liè­rement dans leur forme pronominale. « Je me gémis ! » Une amie passionnée d’astronomie lui avait dit un jour que les poussières interstellaires masquaient le fond de l’univers et que les radio­télescopes les entendaient gémir. Tout ça ne remua pas son intérieur et n’ouvrit pas plus ses yeux sur la réalité des choses. Gésir dans la poussière n’est pas du plus grand effet sur les fillettes.»


Pierre Rousseau, Les mains ravisseuses, 2002.

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vendredi 5 septembre 2008

Les yeux de Montréal - 05

Rue Saint-Denis, Montréal

Photo: Pierre Rousseau
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jeudi 4 septembre 2008

Chromatisme - Blanc d’ivoire

«Une femme entra, aux yeux blancs d’ivoire,
..me tendit les bras et sourit, elle avait
..à la place des dents des morceaux de chair rouge.»

René Daumal, Le contre-ciel: suivi de les dernières paroles du poète.

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mercredi 3 septembre 2008

Regard sur l’enfance - Chemise de nuit de flanelle

Lewis Carroll aimait bien les petites filles en chemise de nuit de flanelle. Il en vint bientôt aux petites filles toutes nues: «[...] en photographiant pour la dernière fois l’image de la petite fille qu’il portait en lui n’a rien fait d’autre que communiquer la vision implacable qu’il en avait au présent.» (Patrick Roegiers)

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mardi 2 septembre 2008