mardi 9 septembre 2008

La littérature - Poudre aux yeux

«Laura cherche dans la poésie l’autre portée des mots, le jet qui ne blesse ni le corps ni le cœur. Elle n’y arrive pas toujours. Elle ne travaille pas assez fort, ne sue pas des doigts, des yeux, du cœur. Elle appré­hende même les verbes du diction­nai­re, particu­liè­rement dans leur forme pronominale. « Je me gémis ! » Une amie passionnée d’astronomie lui avait dit un jour que les poussières interstellaires masquaient le fond de l’univers et que les radio­télescopes les entendaient gémir. Tout ça ne remua pas son intérieur et n’ouvrit pas plus ses yeux sur la réalité des choses. Gésir dans la poussière n’est pas du plus grand effet sur les fillettes.»


Pierre Rousseau, Les mains ravisseuses, 2002.

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