mardi 2 décembre 2008

Aux yeux de la mort - IrréméDIABLEment

«Je connais Bépécé depuis très longtemps, mais ne le fréquente que depuis peu. En fait depuis que Vaseline l’a pris en affection. Pas un gros quotient, mais sympathique. Imitateur hors pair des faits et gestes de Vaseline et de quelques autres personnes. Il nous a présenté Nobel Flat qui sortait de prison pour voies de fait simples sur un écrivain connu.

Vaseline me prend par les épaules : «Calme-toi.»

– Le dernier mot que j’écrirai, je l’ai sûrement déjà prononcé haut et court, clamai-je.

– Bonheur ? Chagrin ? Vengeance ? suggère Vaseline.

– Trois points de suspension… pour son enfance secrète, dit Bépécé.

– Et cetera, dit Vaseline. Ce mot qui abrège la liste de tout ce qu’il n’a pas vécu, pas gagné, pas mérité depuis sa naissance.

Je déteste quand ils parlent de moi à la troisième personne.

– L’avant-dernier mot que j’écrirai contiendra le mot «diable» caché en son saint, S-A-I-N-T, saint, affirmai-je.

– Pourquoi ? demande Vaseline.

– Parce que je ne suis pas en état de sainteté. Péché mortel.

– Comme dans irréméDIABLEment ? dit Bépécé.»

Pierre Rousseau, Décès et autres petites morts, 2003.

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