samedi 31 janvier 2009

Poésie - D’or et d’ire

Alors que,
Primitifs adultes en chapardage
....de friandises humaines,
Nous nous enivrons
....jusqu’à nous rendre bêtement heureux,
Dans la chambre d’à côté,
Un enfant tousse, discrètement,
....dans des songes bercés d’envie.

Alors que,
Sur le rebord de la fenêtre,
Un chat lave sa patte,
....félin minou tout en grisaille,
....avec pelage et profil de camée,
Nous détournons l’ampleur des figurines
....vers l’entonnoir des citadelles de plomb.

Inexistants aux enfants sains en quête d’or,
Inexistants aux matous voraces en quête d’ires,
Nous retenons le coït des ivresses,
Jusqu’aux temps des danses neiges
....sur l’arc-en-ciel de la liberté.


Pierre Rousseau, Sur le dos de la nuit, 2005.

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jeudi 29 janvier 2009

Les yeux de Montréal - 13

Rue de Bullion, Montréal

Photo: Pierre Rousseau
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mercredi 28 janvier 2009

La littérature - Hippopotamidés (prise 2)

«Se pouvait-il que l’hippopotame eût mis le gant de caoutchouc pour mieux pénétrer en lui et lui fouiller sans ménagement l’anus ?»


Victor-Lévy
Beaulieu, Un rêve québécois, Montréal, 1972.
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mardi 27 janvier 2009

La littérature - Hippopotamidés (prise 1)

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Yvon Boucher, L’oulippopotame, Éditions de la queue, Montréal, 1981
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lundi 26 janvier 2009

Aux yeux de la mort - Autocheirothanatophobie

«Pour se suicider, il faut une absence d’ambivalence dans le mouvement du corps vivant provoquant sa propre mort. Mais aux yeux d’Émilie, le suicide n'était pas si terrible. C’était couper court à toutes les actions étrangères qui ne lui appartenaient pas, toutes ces actions qui ne lui étaient pas propres, comme des corps étrangers. Une réponse définitive. Partir en claquant la porte pour ne plus jamais revenir.»


Pierre Rousseau, L'oeil du métis, 1997.

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dimanche 25 janvier 2009

Clin d’œil - Crudité

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....Et vinrent les amoureuses lisses,
....fortes fillettes offrant tétins
....et vint la nuit que je me glisse
....dans leurs cavernes de satin.

Richard Desjardins, Lomer, Boum Boum (1998)

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samedi 24 janvier 2009

Chromatisme - Lac aux yeux d’ambre

Spécifique: Yeux d'Ambre
Générique (avec ou sans particules de liaison): Lac aux
Type d'entité: Lac
Région administrative: Côte-Nord
Municipalité régionale de comté (MRC)
...ou territoire équivalent à une MRC: Sept-Rivières
Municipalité: Lac-Walker (Territoire non organisé)
Code géographique de la municipalité: 97904
Latitude Nord: 50° 39' 00"
Longitude Ouest: 67° 34' 04"
Carte topographique 1/20 000: 22J12-200-0202
Carte topographique 1/50 000: 22J/12
Officialisé le: 1989-06-20
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vendredi 23 janvier 2009

Poésie - Ramonage

Pendant que la lune s’ensanglante
.....au-dessus d’une ville à coucher dehors ;
Pendant que, sur les toits plats, des moineaux s’ébrouent
.....dans des flaques d’eau noire ;
Pendant que la gravelle griche
.....dans la tête immergée des sceptiques,
Le pain frais macère au fond des poubelles,
Essence nourriture sur la langue des somnambules.

Certaines nuits encochées d’énigmes,
Étendus au beau milieu de la rassurante réhabitude,
Les riches recherchent à rires abattus,
.....dans les chambres spacieuses,
.....dans les bistrots chics,
.....dans les galas pompeux,
La pleine certitude d’être bons et fermes amants de la vie.

Certaines nuits entaillées d’équivoques,
Alités au beau milieu de la dulcifiante réhabitude,
Mouillés d’une sueur ramoneuse de pauvreté,
Les démunis prolongent leur encombrement
.... dans les chambrettes délabrées,
.....dans les tavernes enfumées,
.... dans les foultitudes bruyantes,
À contrechamp sur l’échiquier des enlaçures.

Pendant que la lune caille
.....au-dessus d’une ville à coucher dehors,
Les mal-aimés se mirent dans les miroirs tréfonds,
Tout égratignés au beau milieu d’eux-mêmes.

Pierre Rousseau, Sur le dos de la nuit, 2005

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jeudi 22 janvier 2009

Coup d’œil sur l’actualité - Ô Bama

Ô Bama
Obama Obama Obama Obama Obama Obama Obama Obama Obama Obama Obama Obama

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mercredi 21 janvier 2009

Les yeux de Montréal - 12

Rue Saint-Dominique, Montréal

Photo: Pierre Rousseau
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mardi 20 janvier 2009

dimanche 18 janvier 2009

Des troubles - Le jeu de l'aiguille

Aurélyen, dix ans, se tourne vers tout ce qui le prépare à cette nuit perpétuelle où il s’en va. Au contraire des végétaux qui s’orientent vers la lumière, lui se tourne vers les coins sombres. Cet état est propice à son étiolement physique. Le garçon est maigre, squelettique, aride et médiocre. De jour en jour, son corps devient un contraste entre l’ombre et la lumière. Cette transition ne sera pas une entrée dans les ténèbres, simplement une intrusion dans une absence de clarté, voire une intrusion dans le néant. « Héméralopie », a dit le docteur.

Aurélyen affirme que son corps deviendra de plus en plus translucide, que la lumière fusera de l’intérieur de lui-même pour éclairer le monde, qu’il verra bientôt avec mille yeux.
Parfois, afin de lui montrer la maîtrise qu’il a de ses yeux, Aurélyen joue devant sa petite soeur Sydonie au «jeu de l’aiguille». Il avance l’aiguille vers son œil, lentement, très lentement, jusqu’à toucher son iris, jusqu’à sentir la minuscule douleur qui fige son bras. Et sans cligner de lœil. Il y parvient aussi du bras droit, quoiqu’il y mette deux fois plus de temps, car il est gaucher. Au moindre sursaut, il percerait son œil, ce qui ne ferait qu’avancer le jour où il ne verra plus du tout.


Pierre Rousseau, extrait de Jaculari, 1994.
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samedi 17 janvier 2009

Histoire de voir - Travail forcé

Pour Mao Tse-Toung, le pet était aussi politique, et pas nécessairement modéré:

«Il existe des pets odorants et des pets malodorants. On n'en doit pas croire que tous les pets soviétiques sentent bon.»

Pierre Rousseau, Les orifices du corps dans les arts et la littérature, 1996.
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jeudi 15 janvier 2009

Ça crève les yeux - Vieux mont (de Vénus)

Martial, poète latin originaire d'Hispanie, réputé pour ses Épigrammes, où il attaque, entre autres, les débauchés et les femmes âgées, grosses ou maigres, parle ici de la vieille Galla qui n'a plus de dents, de cheveux, d'attraits:

«Quoi qu’il en soit, tu me promets monts et merveilles; mais ma mentule fait la sourde oreille; et, toute borgne qu’elle est, elle te voit.»


Marcus Valerius Martialis (Martial), Épigrammes.

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mardi 13 janvier 2009

Atypique - Pansement

Une femme me regarde de loin
Soucieuse, yeux mélancoliques
Regard triste, iris bleu morose
Prunelles chagrines, au bord des larmes.
Qu’est-ce qu’elle panse de moi ?

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lundi 12 janvier 2009

Regard sur l’enfance - Sanglot sous un oreiller

Voici un court extrait de la chanson Rue Sanschagrin:


«Elle se souvient toujours d'une maison de poupée
..Du lilas dans la cour de sa belle robe d'été
..D'une main sur sa bouche d'une autre qui la touche
..Du sanglot étouffé sous un oreiller»

Paroles et musique de Michel Rivard, 1998

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dimanche 11 janvier 2009

Vision - 3D

Selon Heidegger, il y a trois modes de regard : «quand nous regardons le monde comme parage, nous employons la circonspection (Umsicht); quand nous regardons le monde des autres Daseins, nous employons la considération (Rücksicht), l’égard; et quand nous nous regardons nous-mêmes, nous employons la transparence (Durchsichtigkeit).»

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samedi 10 janvier 2009

Des troubles - Affaires louches

Barnabé Brisson, magistrat français, né en 1531; il fut pendu dans la chambre même du conseil (1591).

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vendredi 9 janvier 2009

Aux yeux de la mort - Poisons

Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés à mort
(Alexandre Cabanel)
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jeudi 8 janvier 2009

Vision - Deux paires d’yeux

Il était une fois deux hommes qui discutaient de la physionomie du Roi.
- Qu’il est beau ! disait l’un.
- Qu’il est laid ! disait l’autre.
Après une longue et vaine discussion, ils se dirent mutuellement:
«Demandons à quelqu’un d’autre de le regarder, vous verrez que j’ai raison!»
La physionomie du Roi était ce qu’elle était et rien ne pouvait la changer; cependant l’un voyait le souverain à son avantage et l’autre à son désavantage.
Ce n’est pas pour le plaisir de se contredire qu’ils soutenaient des avis différents, mais parce que chacun le voyait à sa façon.

Fables et légendes chinoises

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mercredi 7 janvier 2009

Atypique - Épaulement

Tous les jours, tu me parles d’astrobiologie, de cristallo- thérapie, de corps éthériques. Tu juges indispensables l’alignement spirituel, l’approche holistique, la typologie diététique, l’orientation analytique existentielle. Tu me vantes les mérites de la réflexologie, de la morphopsychologie, de l’énergie cosmique primordiale. N’empêche, le moment que j’aime le plus, c’est quand tu poses ta tête sur mon épaule.

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mardi 6 janvier 2009

Chromatisme - Lueur

«Je suis alors dans une chaumière illuminée; mes yeux flambent.»

Jean Giono, Voyage en Italie.

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lundi 5 janvier 2009

Ça crève les yeux - Corbeau de mère

Ile de Sein Ile de Sein Ile de Sein Ile de Sein Ile de Sein Ile de Sein Ile de Sein Ile de Sein
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dimanche 4 janvier 2009

Poésie - Plaisir en sus

La fille se retient longtemps d’espérer,
Attend le moment présent, fabuleux
De son plaisir croissant en fine dentelle
Souffle court dans l’orgasme glissant.

La fille se retient longtemps de se laisser aller
Plaisir en sus des gestes rudes sur sa chair lasse
Tout à coup fuyante dans sa bouffée délire
En quête du masque qui la fera autre, ailleurs.

La fille se retient longtemps de crier,
Dans le scintillement des toits de tôle grise
Où nichent hiboux hagards et brebis galeuses
Sans pouvoir discerner la déchéance du rêve.

La fille se retient longtemps de jouir
Se pend sans retenue au cul des âmes
Puis moissonne l’orgasme libérateur
Seul bonheur à s’étaler en elle corps et âme.

La fille se retient longtemps de rire
De la mort qui serre son cou offert
Restant de jouissure, contentement clair
Bille roulante sur la courbe de son sein.

Pierre Rousseau, Sur le dos de la nuit, 2005.

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samedi 3 janvier 2009

Témoin oculaire

L’homme à la tuque bleue tient une minuscule boîte rouge dans sa main.

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