mercredi 30 juillet 2008

Les yeux de Montréal - 02

Rue University, Montréal

Photo: Pierre Rousseau
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mardi 29 juillet 2008

Vision - Nœuds d’orin

La femme blanche, transparente, vitrifiée, beau cristal vivant, visible halo de beauté, belle à rompre le fer angle dans la plaie omoplate, met le grappin sur l’homme, le sauve du naufrage, met mort en mouillure fraternelle, en vice de forme, puis baise l’homme qui tangue en dures saillies. Les ongles de la femme burinent la poitrine gonflée, trace quatre signes cabalistiques dans l’évitage du cœur, met à nu des lettres, fait rébus les chimères aiguilles. L’homme rêve encore de potences et de bûchers dans sa mémoire fixe remplie de ruines antiques, de nœuds d’orin, alors que l’espoir cabre les îles femmes, au large.

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lundi 28 juillet 2008

Clin d’œil - Standard




«Enfanter est la création la plus profonde et la plus totale qui soit. Mais ce n’est pas noble, c’est juste faire des p’tits.»
(Marie‑Claire Séguin)








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dimanche 27 juillet 2008

La littérature - Froid aux yeux

Il y a Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, les Grecs et leur peur de l’élément féminin, Macbeth qui perd le goût de la peur. Entre Jérémie-sans-Peur et Monsieur Peureux, il y a l’apparition du dieu Pan. Pourquoi est-il si effrayant avec son syrinx à la main ? Il y a Jean-sans-Peur, Bernanos et La grande peur des biens-pensants, Fromm et La Peur de la liberté. Il y a Angelo qui surmonte sa peur de la mort dans Le Hussard sur le toit.

Il y a la peur des rats, des revenants, des mots, d’aimer, du succès, du péché, du sang, de l’autre. N’importe quel autre. Il y a les phobies ; même la peur d’avoir peur. Le nourrisson qu’on surprend par un mouvement brusque ou un son assourdissant a lui aussi une réaction de peur. De quoi donc a-t-il si peur, lui qui ne connaît rien ? À moins qu’il se sache déjà mortel.

Chaque jour, nous ramassons et replaçons nos petites peurs dans les rayons de notre inconscient, celui-là même qui forme le collectif. Et nous craignons plus les jugements des hommes que les hommes eux-mêmes.

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samedi 26 juillet 2008

La musique - Cernes

La chanteuse Marianne est né en 1975.
«Le 12 février 1996, je terminais l'enregistrement de mon premier album, dit-elle. Ce moment, je l'avais espéré toute ma vie! Je pensais tripper, mais j'n'ai pas eu le temps. Trop de choses à faire et à apprendre! Je réalise, à présent, qu'on ne devient pas chanteuse et auteur sans quelques cernes sous les yeux.»


Pierre Rousseau, Plaidoyer pour la créatitude, 2001.

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vendredi 25 juillet 2008

Les yeux de Montréal - 01

Rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal

Photo: Pierre Rousseau

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jeudi 24 juillet 2008

Ça crève les yeux - Fosses orbitaires


«Si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans une fosse.»

(Mat 15,14)






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mercredi 23 juillet 2008

Clin d’œil - L’œil du ventre (3)

«J’ai hâte de boire la p’tite rivière
..De neige qui fond dans ton nombril.»


Clémence DesRochers, Le monde aime mieux...



«Une belle p’tite sauvagesse qui a encore d’la mousse dans l’nombril, ça doué t’donner une botte pas pire, hein Parent?»


Yvon Paré, La mort d'Alexandre.

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mardi 22 juillet 2008

Clin d’œil - L’œil du ventre (2)

Quand la terre était plate, elle ressemblait à un bouclier. Elle avait donc un umbo, comme la bosse au centre des boucliers, et ce nombril se dressait à Delphes dans le temple d’Apollon, sous la forme d’une pierre arrondie. C'était le centre du monde, le nombril du monde.



Mais ce n'est pas tout à fait ce qui intéresse Pierre de Ronsard dans ce petit poème:


«Petit nombril, que mon penser adore,
..Et non mon oeil qui n’eut oncques le bien
..De te voir nud, et qui merites bien
..Que quelque ville on te bastisse encore.»


Pierre Rousseau, Les orifices du corps dans les arts et la littérature, 1996.

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lundi 21 juillet 2008

Clin d’œil - L’œil du ventre (1)

Le nombril, cicatrice laissée par le cordon ombilical noué, aussi appelé «l’œil du ventre», est situé sur la ligne médiane du ventre, donc (presque) au centre du corps. Mais Jinny, le bon génie de la télévision, n’en avait pas... Peut-être aussi faut-il se demander, comme Gutierre Tibon, si Adam - ou Ève - en avait un!

Pierre Rousseau, Les orifices du corps dans les arts et la littérature, 1996.

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dimanche 20 juillet 2008

Histoire de voir - Femmes numériques

Dans Les Divertissements en Nouvelle-France, il est écrit que «le nombre des femmes augmente à mesure que le pays s’humanise, si bien que, vers la fin du XVIIe siècle, elles rattraperont presque leurs compagnons sur le plan numérique.» Seulement sur le plan numérique ?
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samedi 19 juillet 2008

Regard sur l’enfance - Lumière intérieure

Dernière scène du film Le cauchemar de Dracula (Horror of Dracula, 1957) dans laquelle Dracula (Christopher Lee) se décompose devant le crucifix improvisé que tient le Dr. Van Helsing (Peter Cushing), scène qui m'avait traumatisé à l'âge de dix ans.
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vendredi 18 juillet 2008

Vision - Cynisme

Comment arriver au cynisme ultime : ne rien posséder, ni objets, ni terre, ni femme, ni enfant, ni besoins, ni rêves. On ne peut se déposséder tout à fait de ce qu’on a déjà possédé. Le bonheur ne saurait s’épanouir dans un reliquat de système. Craindre la faille ou la faiblesse, c’est déjà être infortuné. On en serait quelque peu malheureux. Demain, être quasi-cynique, et probablement troublé…

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jeudi 17 juillet 2008

L’art - Les yeux levés (2)

Eugène Delacroix, Jeune orpheline au cimetière, 1824.
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mercredi 16 juillet 2008

La littérature - Tes yeux et tes dents

«Elle a passé son enfance à sombrer dans la mélancolie. Puis, à quatorze ans, un venin en elle, cette maladie alors installée comme une sournoise sorcière. Elle supportait mal d’être regardé dans les yeux. Elle disait que si elle avait su ou si elle avait pu, elle aurait refusé de venir au monde sous certaines conditions. Un hiver, en regardant par la fenêtre, elle a murmuré : «C’est étrange! Aujourd’hui, la neige est noire!» Elle avait quinze ans. Elle conservait dans un petit coffret toutes ses dents de lait. Un soir, elle s’est étouffée : elle les avait mises dans sa bouche pour les rouler sur sa langue.»


Pierre Rousseau, L’œil du métis, 1997.

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lundi 14 juillet 2008

L’art - Les yeux levés (1)

L'œuvre originale «Tête d'homme aux cheveux longs, les yeux levés» a été réalisée par l’artiste Strozzi Bernardo (1581-1644), il Capucino Genovese (dit).
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dimanche 13 juillet 2008

Poésie - La bête de somme

La fenêtre est ouverte.
On entend les soupirs de la bête,
De longs sifflements intermittents
Qui viennent de loin,
Du centre de la Terre,
Comme si la ville respirait
Par ses grands naseaux.

La clarté de l’aube hésite
À percer
La brume matinale,
Ça fait un voile lumineux,
Un linceul léger
Comme une haleine d’hiver.

La bête s’essouffle enfin,
Le rideau bouge,
La flamme vacille.

Le sommeil est archange.

Pierre Rousseau, Sur le dos de la nuit, 2005.

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samedi 12 juillet 2008

Clin d’œil - Pochetée de testicules

«Il s’est glissé depuis long‑temps un préjugé dans l’Église latine, qu’il n’est pas permis de dire la messe sans testicules, et qu’il faut au moins les avoir dans sa poche. Cette ancienne idée était fondée sur le concile de Nicée, qui défend qu’on ordonne ceux qui se sont fait mutiler eux-mêmes.»


Voltaire, Dictionnaire philosophique.

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vendredi 11 juillet 2008

Regard sur l’enfance - Quenouille

L’enfance se défile,
Comme le fil de laine
D’un vieux tricot qu’on défait.

L’enfant veut vieillir trop vite.

Prendre un raccourci abrège parfois
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la perspec­tive.


Clotho, la fileuse
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mardi 8 juillet 2008

vendredi 4 juillet 2008

Ça crève les yeux - Picorer

«Que le corbeau picoreur n’engloutisse tes yeux sans orbite.»

Catulle, Le livre de Catulle.

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jeudi 3 juillet 2008

Témoin oculaire

Le bouledogue renifle un papier mouchoir sur le parvis de l'église.

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mercredi 2 juillet 2008

Atypique - À éviter

Île Sainte-Hélène, Montréal
Photo: Pierre Rousseau (1973)
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