La femme, fine feuille et oreille fine, blanche unité de corps et d’esprit, est partie, portée ailleurs d’ici. Finie la rengaine, finies les fausses notes. Adieux misogynes et autres politesses rondes. Voilà les intervalles fins, secondes plus que jours, voilà la mesure impaire à sept temps, pour l’homme laissé vacant.
La femme va aux chants, musique au nombril, sans éthique, ventre allant tambour battant, renonce à la partition, aux rayures stridentes, tourne la clef, fait scission et partage, bat la mesure à vif, joue faux, pour l’homme à l’œil incompris.
La femme cueille morceaux et fragments, pour changer d’air qu’elle dit. Puis orchestre en clair, net fado et mélopée, devient chanteuse aléatoire sur les pistes sans contredit. L’or se gonfle sous sa poitrine. Les attendrissements pernicieux brillent pour l’homme échafaudant l'avenir à même les refrains de l’amante.
La femme prend un temps mort, une pause silence, maintient de secrètes réticences, bat la mesure des gestes perdus, stagne d’épuisement poétique, tourmente la langueur, s’ancre sur le sol, retient la sonorité des mots, couchée sur le dos, sans contre-ut, épave intacte sur une portée déserte.
Pierre Rousseau, Fouilles, 2000.
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